LA NOUVELLE VAGUE (1959-1965)



L´expression "La Nouvelle Vague" est communément utilisée pour décrire la nouvelle génération de cinéastes français qui a émergé à la fin des années 50. "La Nouvelle Vague" est en fait un véritable raz-de-marée. Ces jeunes cinéastes anti-conformistes vont bousculer les règles très établies du cinéma français et permettre ainsi à un nouveau cinéma d´émerger : le cinéma d´auteur.

Les piliers de cette nouvelle tendance se nomment François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Eric Rohmer, Jacques Rivette et Alain Resnais. Ils ont en général une trentaine d´années, sont accros des salles obscures et pour la plupart ils sont critiques pour la revue "Les Cahiers du Cinéma" (créée en 1951). Ces jeunes cinéastes en herbe en ont marre de l´académisme cinématographique dans lequel s´est enfermée la France depuis de nombreuses années. François Truffaut dénonce "une certaine tendance du cinéma français" dans Les Cahiers du Cinéma en 1954 dans lequel il déplore le conformisme des anciens, "le cinéma de papa" et la surenchère à l´esthétisme et aux beaux dialogues. Il condamne le fossé entre la réalité et sa représentation à l´écran.


Mais ces jeunes ne se contentent pas de critiquer, ils passent aux actes c´est-à-dire derrière la caméra. Grâce aux progrès techniques de l´époque (caméra légère et bon marché, pellicule sensible à la lumière du jour permettant les tournages hors studios, son synchrone de qualité), ils accèdent enfin à la réalisation. Les budgets sont souvent modestes (Claude Chabrol tourne "Le Beau Serge" grâce à un héritage familial) et ces réalisateurs de fortune n´ont aucune ou quasiment aucune expérience dans la mise en scène mais ils se lancent dans l´aventure...


          

Dès lors, s´en est fini des décors soignés, des tournages en studio, des beaux dialogues, des histoires irréelles, des têtes d´affiches. Place aux inconnus, aux tournages dans la rue, aux histoires simples, parfois autobiographiques, et bien souvent à l´improvisation. On filme la vie! Le cinéma gagne en naturel et en simplicité.

Les jeunes cinéastes portent bien souvent les casquettes de scénaristes-dialoguistes-réalisateurs et leurs équipes sont minimales. Le résultat de ce travail bouleverse toutes les règles alors en cours à l'époque. Le montage est parfois très approximatif ("À Bout de souffle" de Jean-Luc Godard, 1960). Cependant, même si un objectif commun unit ces divers jeunes réalisateurs - en finir avec le conformisme des années précédentes et avoir une approche novatrice du cinéma - la comparaison s´arrête là. "Notre seul point commun est le goût des billards électriques" disait François Truffaut.

Qu´importe, le public s´enthousiasme pour ces films à l´aspect amateur, si différents des films d´alors et le succès est immédiat. Le nombre de premiers films double. De nouveaux visages apparaissent sur les écrans tels Jean-Paul Belmondo, Jeanne Moreau, Jean-Claude Brialy, Bernadette Lafond, Jean-Pierre Léaud.

Mais très vite, dès 1961, le public se lasse et la nouvelle vague s´affaiblit. Le mouvement survit jusqu´en 1965. Progressivement, la plupart de ces jeunes réalisateurs doivent changer à nouveau de métier ou retourner vers plus de classicisme.

Cependant, même si la révolte s´essouffle, rien ne sera plus comme avant. L´impact de cette révolution, cette soif de liberté et l´attrait des spectateurs pour ce genre de films auront été entendus. Le mouvement a changé la conception du cinéma français et influencera également bon nombre de pays notamment les pays de l´Est.

Parallèlement, la vieille génération continue à produire des films de qualité. Deux comédies réunissant les plus grands comiques du moment, Louis De Funès et Bourvil, sont énormes succès commerciaux : "Le Corniaud" en 1964 et "La Grande vadrouille" en 1966. "La Grande vadrouille" est resté pendant plus de 40 ans le plus grand succès commercial français avant d´être détrôné par trois autres comédies : "Les Visiteurs" en 93, "Astérix et Obélix contre Jules César" en 1999 puis "Bienvenus ches les Chtis" en 2008.

Mais déjà le cinéma s´apprête à traverser une nouvelle crise. Son origine a pour nom la télévision...


     

Les principaux réalisateurs de La Nouvelle Vague :
- Les pionniers : François Truffaut, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, Éric Rohmer, Pierre Kast, Jacques Doniol-Valcroz, Jacques Rozier, Alain Resnais, Agnès Varda, Jacques Demy, Georges Franju
- Le cinéma-vérité : Chris Marker, Jean Rouch


COMPRÉHENSION DE TEXTE
Répondez aux questions suivantes :

1. Que veut dire l´expression "La Nouvelle Vague" ?
2. Quand apparaît ce mouvement ?
3. Que dénonce François Truffaut ?
4. Qu´est-ce que les jeunes de "La Nouvelle Vague" ont en commun ?
5. Qu´est-ce qui permet l´émergence de ce mouvement à la fin des années 50 ?
6. Pourquoi le mouvement s´essouffle-t-il ?
7. Que doivent faire les jeunes cinéastes lorsque le public se lasse ?
8. Qu´est-ce que "La Nouvelle Vague" a changé ?
9. Que fait la "vieille" génération pendant ce temps ?


     ESPACE FILMS


>>>> Cliquez sur le titre du film pour voir l'extrait :
Hiroshima mon amour d'Alain Resnais, 1959
Lola de Jacques Demy, 1960
Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda, 1962 (2.48mn)
La Jetée de Chris Marker, 1963
Chronique d'un été de Jean Rouch, 1960
Ma Nuit chez Maud d'Eric Rohmer, 1969
Un Homme et une femme de Claude Lelouch, 1966
Le Corniaud de Gérard Oury, 1966 (3.17mn -bande annonce)
Le Gendarme de Saint-Tropez, de Jean Girault, 1964 (5mn)


Autres liens utiles :
Liste des films français des années 60
François Truffaut
Article : Une certaine tendance du cinéma français
Wikipédia : La Nouvelle Vague




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