LE CINÉMA DES ANNÉES 80 : LE CINÉMA SPECTACLE



Le développement et la banalisation des clips, des jeux vidéos, de la publicité et des effets spéciaux, amènent le public à rechercher un cinéma plus visuel et plus rythmé. La génération des années 80 est celle de l´image, des films de science-fiction, des films fantastiques et d´aventures. Le cinéma devient spectacle. Les États-Unis s´imposent facilement avec leur "Star wars" (1977), "Indiana Jones" (1981), "Rambo" (1982) et autre "Blade Runner" (1982). En 10 ans, la part de marché des films américains double et passe de 30 % en 1980 à près de 60% en 1990.

La raison principale de cette crise est essentiellement économique. Les cinéastes français ont beaucoup moins de moyens financiers que leurs confrères américains. Le budget moyen d´un film français est en moyenne 10 fois inférieur à celui d´un film d´outre-atlantique. Face à ce challenge économique, le gouvernement décide d´intervenir et subventionne généreusement un système en perte de vitesse. Parallèlement, les chaînes de télévision commencent à s´associer à certains projets cinématographiques s´assurant ainsi l´exclusivité de la distribution à la télévision. C´est le début des co-productions (En 1988, 53% des films français ont été co-produits avec des chaînes de télévision).

La deuxième raison de cette crise est liée au contenu des films. Le cinéma français n´arrive plus à séduire son public. Il souffre d´une image de cinéma trop intellectuel et pas assez divertissant. Le contraste avec les films américains est flagrant. Il faut dire que depuis l´arrivée de la Nouvelle Vague (c´est-à-dire depuis plus de 20 ans), les réalisateurs ont dicté leur loi : ils ont fait et montré ce qu´ils voulaient et ils en paient maintenant le prix. Le public les boude. Au début des années 80, le décalage entre l´offre et la demande est évident. Le cinéma n´est plus à l´écoute de son public.

Enfin, l´arrivée du magnétoscope et de la chaîne privée Canal+ au sein des foyers, incite les Français à rester chez eux. Face à cette désaffection, Le ministère de la culture crée "La fête du cinéma" en 1985. Cette célébration du cinéma, unique au monde, permet aux spectateurs de voir des films au cinéma à prix extrêmement réduit pendant 3 jours. C´est un grand succès mais c´est très limité dans le temps.

Les années 80 marquent l´émergence des films à gros budgets : les superproductions. Pour faciliter l´exportation, certains réalisateurs n´hésitent pas à tourner directement en anglais avec des acteurs américains tel Jean-Jacques Annaud (La Guerre du feu - 1981, Le Nom de la rose - 1986, L´Amant - 1991), décision pour laquelle il a été largement critiqué. Idem pour Luc Besson qui n'hésite pas à tourner des films "à l'américaine" : superproduction, beaucoup d'action, sexe, rythme soutenu, tournages en anglais. Son film "Le Grand bleu" est sans nul doute le film culte de la génération 80. Il est intéressant de noter que le film a deux fins possibles pour satisfaire tous les publics : la française (ouverte) et l'américaine (heureuse)...

     

On retiendra également le nom de 2 nouveaux arrivants dans le panorama cinématographique français qui s´imposent dès leur premier film :
- Jean-Jacques Beinex avec "Diva" en 1981 puis "37,2 le matin" en 1986
- Léos Carax avec "Boys meet girls" puis "Mauvais sang" et "Les Amants du pont-neuf".
D´autres réalisateurs confirment leur talent tels Claude Zidi, Claude Berri, Maurice Pialat, Patrice Leconte ou Bertrand Blier. De même, les pionniers de la Nouvelle Vague continuent de produire même si cela signifie retourner à un cinéma plus classique.

Malgré la pression budgétaire, les années 80 sont riches en succès commerciaux : "La Boum" avec Sophie Marceau, film référence de tous les adolescents, "Le Dernier métro" film aux 10 César de François Truffaut, "Jean de Florette" et "Manon des sources" ou "Tchao pantin" de Claude Berri pour n´en citer que quelques-uns.


     


Les succès permettent de découvrir de nouveaux visages tels Isabelle Adjani, Sophie Marceau, Emmanuelle Béart, Sandrine Bonnaire, Juliette Binoche, Béatrice Dalle, Valérie Kapriski, Nathalie Baye chez les femmes et Daniel Auteuil, Richard Anconina, Christophe Lambert chez les hommes.

Le dynamisme est malgré tout plus marqué dans les comédies. Un groupe de jeunes comédiens issus du café-théâtre, la troupe du Splendid, déjà fort de leur succès avec "Les Bronzés" en 1978 récidivent avec le cultissime "Le Père Noël est une ordure" satyre de la société lors des fêtes de Noël. Ainsi apparaît une nouvelle forme d´humour, basée sur une analyse plus grinçante de la société et des diverses couches sociales. Le concept est repris avec succès dans "La Vie est un long fleuve tranquille" par Etienne Chatilliez. Coline Serreau se fait également remarquer avec "3 Hommes et un couffin". Enfin, Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro permettent aux spectateurs d´entrer dans un monde futuriste noir avec "Delicatessen" et "La Cité des enfants perdus"

     

Parallèlement, les autres formes de cinéma, moins commerciales, continuent de produire même si leur public est moins large et leur survie plus difficile. Les aides financières du gouvernement permettent ainsi à toutes les formes de cinéma d´exister, de co-exister et d´expérimenter.


COMPRÉHENSION DE TEXTE
Répondez aux questions suivantes :

1. Comment est la génération des années 80 ?
2. Quelle est la part de marché des films américains en 1980 ? Et en 1990 ?
3. Pourquoi la France a-t-elle du mal à soutenir la concurrence ?
4. Que veut dire le terme "co-production" ?
5. Pourquoi la fête du cinéma a-t-elle été créée ?
6. Pourquoi Jean-Jacques Annaud est-il critiqué ?
7. En quoi Luc Besson est-il différent ?
8. Quel genre cinématographique domine dans les années 80 ?
9. Quelle nouvelle forme d´humour apparaît ?


     ESPACE FILMS


>>>> Cliquez sur le titre du film pour voir l'extrait :
La Femme d´à côté de François Truffaut, 1981 (1.48mn)
Diva de Jean-Jacques Beinex, 1981 (Bande-annonce - 1mn)
Jean de Florette de Claude Berri, 1986 (bande annonce - 2.37mn)
Manon des sources de Claude Berri, 1986 (2.41mn bande annonce)
Les Amants du Pont-Neuf de Léos Carrax, 1991 (bande-annonce, 1.32mn)
3 Hommes et un couffin de Coline Serreau, 1985 (1.27mn)
La Vie est un long fleuve tranquille d'Etienne Chatiliez, 1988 (1.22mn)
L'Été Meurtrier, 1983 (5.55mn)
A nos amours de Mayrice Pialat 1983 (Bande-annonce, 1.26mn)
Subway de Luc Besson, 1985 (2mn, en anglais)
L'Ours de Jean-Jacques Annaud, 1988 (extrait, 3.55mn)
Au Revoir les enfants de Louis Malle, 1987 (Bande-annonce, sous-titres en anglais, 2mn)


Autres liens utiles :
Les films classiques français des années 80




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