LES FEMMES CINEASTES EN FRANCE



   Vocabulaire

     Une réalisatrice : a women director Mettre en scène : to direct / to stage
     Un réalisateur : a director La sensibilité : sensibility / sensitivity
     Réaliser : to direct /to make a movie La perception : perception
     Un(e) cinéaste : a film-maker / a film director Choisir- un choix : to choose- a choice
     Diriger : to lead / to manage Réussir : to succeed
     Être reconnu(e) par : to be recognized by Un milieu masculin : a men circle
     La reconnaissance : recognition Se battre : to fight



La pionnière du cinéma au féminin s'appelle Alice Guy. Elle n'a que 21 ans lorsqu'elle est embauchée en 1894 comme secrétaire par Léon Gaumont, propriétaire d'une entreprise de photographie. Grâce à sa curiosité et à son dynamisme, elle obtient rapidement de plus en plus de responsabilités au sein de l'entreprise. Tout comme Léon Gaumont, elle assiste éberluée à la première projection publique du cinématographe en décembre 1895. Elle est immédiatement fascinée par le spectacle et encourage vivement son patron à acquérir un appareil similaire. Elle réussit également à obtenir la permission de l'utiliser mais seulement pendant son unique jour de congé : le dimanche! Ce n'est pas grave, la jeune femme est décidée ! Contrairement aux frères Lumiere, Alice Guy ne désire pas montrer la vie de tous les jours, elle préfère raconter une histoire... Elle écrit un scénario et, avec l'aide de quelques amis comme acteurs, elle réalise ainsi en 1896, à l'âge de 23 ans, son premier film: La Fée aux choux (1mn30), l'histoire d'une fée qui propose à un jeune couple de choisir leur bébé dans son champs de choux où naissent les bébés... C'est une réussite et Léon Gaumont lui confie rapidement la production des films. Pendant 17 ans, elle restera la seule femme cinéaste au monde... Elle meurt cependant oubliée de tous en 1960.


En France, il a fallu ensuite attendre les années 70, soit plus de 50 ans, pour que d'autres femmes cinéastes entrent dans le monde fermé du cinéma. Même les partisans du changement, la génération de La Nouvelle Vague, n'ont apparemment pas permis aux femmes de tenter l'expérience cinématographique. Seules Agnès Varda (Cléo de 5 à 7) puis plus tard Marguerite Duras (India Song) s'y sont essayées. C'est seulement grâce aux revendications des mouvements féministes de mai 68 et au changement des mentalités des années 70 que les femmes ont enfin pu passer de l'autre côté de la caméra.

Qu'est-ce que cela change d'un point de vue cinématographique ? Pas grand chose et tout en même temps ! Jusqu'à présent, le monde était filmé exclusivement par des hommes. Il était donc vu à travers un regard masculin et reflétait une certaine vision du monde, une vision d'hommes. L'accès de la femme derrière la caméra permet dorénavant d'avoir un autre regard sur le monde, un regard de femmes c'est-à-dire une perception différente d'une même réalité. On sait bien que Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus... De plus, qui peut mieux comprendre une femme qu'une autre femme ? Les réalisatrices peuvent peut-être donner une vision plus juste de la femme et de ses préoccupations, une vision plus authentique.

     

D'un cinéma engagé politiquement dans les années 60 (Marguerite Duras, Agnès Varda), à un cinéma féministe dans les années 70 (Chantal Akerman, Danièle Dubroux, Coline Serreau) le cinéma féminin d'aujourd'hui semble plutôt privilégier les sujets plus intimes. Les thèmes principalement abordés sont l'identité féminine, les relations hommes-femmes, la place de la femme dans la société, la famille, les enfants et l'éducation, la sexualité et la libération sexuelle parfois de façon très provocatrice (Catherine Breillat, Virginie Despentes). Pourquoi choisir des sujets aussi intimistes ? Peut-être parce que ces sujets personnels sont plus au coeur des préoccupations féminines. Ces sujets ont peut-être aussi besoin d'être revisités et démystifiés ... On remarque également que, depuis une vingtaine d'années, quelques actrices sont passées derrière la caméra telles Nicole Garcia, Josiane Balasko, Zabou Breitman ou Sophie Marceau.

Pourtant, les femmes ont encore été peu récompensées par les professionnels du cinéma :
- Festival de Cannes : Une seule femme, la Néo-Zélandaise Jane Campion a obtenu la Palme d'or pour son film "The Piano" en 1993.
- César : Tonie Marshall est la seule réalisatrice a avoir obtenu le César du meilleur réalisateur pour son film "Vénus beauté institut" en l'an 2000.
- Oscar : En 2010, Kathryn Bigelow créé l'évènement. Cest la première femme à remporter l'Oscar du meilleur réalisateur avec The Hurt Locker (Démineurs en français). Avant elle, Sophia Coppola (Lost in Translation, 2003) avait été la première femme a être nominée dans cette catégorie.


     
     



     Annexe 1 : Les réalisatrices françaises :

     - Années 1900 : Alice Guy

     - Années 20 : Germaine Dulac

     - Années 40/50 : Jacqueline Audry/ Nicole Vedrès/ Andrée Fleix

     - Années 60 : Agnès Varda/ Nadine Trintignant/ Danielle Huillet/ Marguerite Duras

     - Années 70 : Nina Companeez/ Yannick Bellon/ Coline Serreau/ Nelly Kaplan/ Liliane de Kermadec/ Chantal Akerma/ Jeanne Moreau
      Ariane Mnouchkine/ Anne-Marie Miéville/ Christine Pascal/ Anna Karanina

     - Années 80 : Claire Denis/ Patricia Mazuy/ Jeanne Labrune/ Danièle Dubroux/ Josiane Balasko / Claire Devers/ Aline Issermann
      Juliet Berto/ Catherine Breillat/ Suzanne Schiffman

     - Années 90/2000 : Agnès Jaoui / Valérie Lemercier / Sophie Marceau / Zabou Breitman / Nicole Garcia/ Noémie Lvovsky/ Pascale Ferran
      Claire Simon/ Sandrine Veysset/ Marie Vermillard/ Dominique Cabrera/ Sophie Fillières/ Tonie marshall / Catherine Corsini/ Anne Fontaine
      Laurence Ferreira Barbosa/ Martine Dugowson /Agnès Merlet / Marion Vernoux/ Laetitia Masson / Brigitte Rouan

     - Depuis 2010 : Lisa Azuelos (LOL, Une rencontre), Géraldine Nakache (Tout ce qui brille, Nous York), Roselyne Bosch (La Rafle),
     Maïwenn (Polisse, Le bal des actrices, Mon roi), Audrey Dana (Sous les jupes des filles), Hélène Giraud (Minuscule),
     Mélanie Laurent (Les adoptés, Respire, Demain), Emmanuelle Bercot (La Tête haute), Valérie Donzelli (Marguerite et Julien), Zabou Breitman
     (No et moi), Claire Denis, Carine Tardieu, ...
     > Article : 27 réalisatrices françaises à suivre




     Annexe 2 : Quelques films de femmes (depuis les années 1990) :

     Le social :
     En avoir ou pas de Laetitia Masson (95) : le chômage
     À vendre de Laetitia Masson(98) : la prostitution
     Nadia et les hippopotames de Dominique Cabrera (99) : le monde du travail
     L'Âge des possibles de Pascale Ferran 96 : génération des 25-30 ans
     Y Aura-t-il de la neige à Noël ? de Sandrine Veysset (97) : le monde paysan
     Le Goût des autres d'Agnès Jaoui (2000) : les classes sociales
     Rien à faire de Marion Vernoux (99) : les classes sociales
     Polisse de Maïwenn (2011) : la maltraitance et la brigade de protection des mineurs

     La famille :
     Un Week-end sur deux de Nicole Garcia (90) : les parents divorcés
     Le Fils préféré de Nicole Garcia (95) : relation dans la fratrie
     Nénette et Boni de Claire Denis (97) : relation père-enfants
     La Vie Moderne de Laurence Ferreira Barbosa (2000) : relation parents-enfants
     La Vie ne me fait pas peur de Noémie Lvovsky (99) : adolescence
     Le Fils du requin d'Agnès Merlet (94) : enfance sans amour
     Enfants de salaud de Tonie Marshall (96) : famille recomposée
     La Bûche de Danièle Thompson (99) : réunion autour des fêtes de Noël
     Un Air de famille (96) d'Agnès Jaoui
     Le Skylbab de Julie Delpy (2011) : les vacances en famille
     Camille redouble de Noémie Lvovsky (2011) : retomber en enfance

     La relation hommes-femmes :
     Si Je t'aime, prends garde à toi de Jeanne Labrune (98)
     Vénus Beauté institut de Tonie Marshall (2000)
     La Nouvelle Eve de Catherine Corsini (99)
     Hauts les coeurs de Solveigh Anspach (99)
     Nettoyage à sec d'Anne fontaine (97)
     Post coitum animal triste de Brigitte Rouan (97)
     Je vous trouve très beau d'Isabelle Mergault (2006)
     Les Sentiments de Noémie Lvovsky (2003)
     Comme t'y es belle de Lisa Azuelos (2006)
     L'Homme de sa vie de Zabou Breitman (2006)
     Je l'aimais de Zabou Breitman (2009)
     Mon roi de Maïwenn (2014)



PISTE DE REFLEXION OU DISCUSSION :
1. Citez toutes les femmes réalisatrices que vous connaissez.
2. Dans votre pays, y a-t-il des femmes réalisatrices? Sont-elles populaires?
3. Quels films réalisés par une femme avez-vous vu? De quoi parlaient-ils? Les avez-vous aimés? Pourquoi?
4. Pensez-vous que les films de femmes sont différents des films d'hommes? Justifiez votre réponse.
5. Pourquoi les femmes ont-elles du mal à être reconnues par la profession d'après vous?
6. Dans quelles autres professions les femmes ont-elles du mal à percer?
7. Comment voyez-vous l'avenir pour les réalisatrices?

POUR ALLER PLUS LOIN, QUELQUES LIENS UTILES :
Alice Guy
Les réalistrices françaises (wikipédia)
Article : Cinéma, femmes et machismes : 16 réalisatrices se confient
227 films de réalistrices françaises
Le cinéma au féminin (dossier complet)
Festival international du film de femmes
Festival international du film de femmes de Créteil - wikipédia


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