DES HOMMES ET DES DIEUX

      de Xavier Beauvois (2010)


DIALOGUE 1

Un terroriste : Allez ! (en arabe : C’est Christian)

Frère Christian : Qu’est-ce que vous voulez, c’est une maison de paix ici !

Le terroriste : C’est vous Christian ?

Christian : Oui, on n’entre pas ici avec des armes. Si vous voulez nous parler, vous devez les laisser à l’extérieur du monastère. S’il vous plaît.

Le terroriste : Je m’en sépare jamais.

Christian : Alors suivez-moi, nous allons discuter dehors.

Le terroriste : J’ai besoin du toubib. Il doit venir avec nous.

Christian : C’est impossible.

Le terroriste : J’ai trois blessés qu’il doit soigner à une heure de route.

Christian : Il ne peut pas partir d’ici, il est malade, il est vieux, il a des crises d’asthme. Frère Luc a toujours soigné les blessés qui viennent au dispensaire. Il soigne indifféremment tous ceux qui ont besoin de lui, il se fiche de leur identité et nous continuerons à faire de la sorte mais rien de plus.

Le terroriste : Alors vous allez nous donner des médicaments.

Christian : Nous manquons de médicaments. Tous les jours nous soignons une centaine de nos frères musulmans

Le terroriste : Assez, vous n’avez pas le choix !

Christian : Si, j’ai le choix, nous ne pouvons pas vous donner ce que nous n’avons pas. Vous n’avez qu’à demander à vos frères du village, ils vous diront que nous vivons modestement avec seulement les produits de la terre. Vous connaissez le Coran ? « Et tu trouveras certes qu’il y a parmi ceux qui sont disposés à aimer les croyants, ceux qui disent nous sommes des chrétiens, et qu’il y a parmi eux des prêtres et des moines »

Le terroriste (en arabe) : des prêtres et des moines et qu’ils sont humbles

Christian : Voilà pourquoi nous sommes proches de nos voisins.


DIALOGUE 2

Christophe : Mourir là, maintenant, ici. C’est vraiment utile ? Je sais plus. J’ai l’impression de devenir fou.

Christian : C’est vrai, rester ici, c’est… c’est aussi fou que de devenir moine. Mais rappelle-toi, ta vie, tu l’as déjà donnée, tu l’as donnée à la suite du Christ quand tu as décidé de tout quitter, ta vie, ta famille, ton pays, la femme et les enfants que tu aurais pu avoir.

Christophe : Je sais plus si c’est encore vrai. Je prie<:b>, mais j’entends plus rien. Puis, je comprends pas, on est martyr pour quoi ? Pour dieu ? Pour être des héros ? Pour montrer qu’on est les meilleurs ?

Christian : Non, non, non, on est martyr par amour, par fidélité. La mort, si elle nous prend, c’est malgré nous parce que jusqu’au bout, jusqu’au bout, on va essayer de l’éviter. Notre mission ici, c’est d’être frères de tous et rappelle-toi, l’amour espère tout, l’amour endure tout.

Christophe : Pardon.


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